Homoparentalité

Homogène tente de venir en aides aux personnes LGBT désireuses de devenir parents, en orientant et en conseillant.

En France, un couple homosexuel qui souhaite devenir parents doit encore se confronter à un véritable parcours du combattant. En effet, c’est un long combat contre les préjugés et l’administration qui ne reconnaît pas légalement, en France, l’idée que deux parents d’un même sexe puissent avoir des enfants.

Actualité : Mercredi 12 juin, le Premier Ministre Français Édouard Philippe a annoncé que le projet de loi révisant les lois de bioéthique sera présenté fin juillet en Conseil des Ministres et débattu au Parlement à l’automne. Cette révision devrait ouvrir la PMA à toutes les femmes, promesse du candidat Emmanuel Macron qui a reçu l’avis favorable du CCNE Conseil Consultatif National d’Éthique, et permettre son remboursement par la Sécurité Sociale. Jean-Louis Touraine, député LREM qui a présidé la commission parlementaire s’en réjouit : »en France, un couple de femmes à la droit de se marier et d’élever des enfants, on ne peut leur interdire d’en concevoir. Toutes les études montrent que les enfants issus d’une PMA se portent bien. » Mais le débat reste ouvert sur de nombreux sujets, comme l’anonymat des donneurs/ses.

Si vous êtes un couple homosexuel et que vous souhaitez mettre en place une homoparentalité, plusieurs possibilités de devenir parents s’offrent néanmoins à vous. Il peut falloir aller à l’étranger ou alors, un seul des deux parents doit faire les démarches administratives comme une personne célibataire, ou bien mettre en place une coparentalité (différents sites existent pour cette dernière option, comme celui-ci où vous pourrez récolter diverses informations grâce au guide).

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La procréation médicalement assistée (PMA) reste aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels qui rencontrent des problèmes pour concevoir un enfant.

En septembre dernier, la Cour de cassation a bel et bien reconnu que des enfants nés à l’étranger d’une PMA pouvaient être adoptés. Cette décision permet ainsi aux couples de lesbiennes de contourner l’interdiction française, en réalisant une PMA à l’étranger. Mais ce processus reste évidemment long et coûteux.

Pourtant, selon un sondage IFOP que révèle RTL, une majorité de Français seraient favorables à l’extension de la PMA aux femmes célibataires et couples de femmes. Une nette progression, alors qu’Edouard Philippe pourrait trancher cette question dans son discours de politique générale.

Pour son deuxième discours de politique générale, le Premier ministre s’exprimera ce mercredi 12 juin à 15 h, à l’Assemblée. Une prise de parole censée lancer l’acte 2 du quinquennat après les Européennes et la crise des « gilets jaunes ». Un discours à forte tonalité sociale et écologique, annonce Matignon.

Mais un point n’était toujours pas tranché mardi soir : l’extension de la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes. C’était une promesse d’Emmanuel Macron, mais l’inscription du texte à l’agenda parlementaire a pris du retard. La décision sera-t-elle prise cet été ? À la fin de l’année, ou après les Municipales ? Edouard Philippe pourrait préciser les choses tout à l’heure.

Un sujet très sensible, mais sur lequel la vision des Français a quelque peu évolué. C’est en tous cas ce que confirme un sondage IFOP pour l’Association des familles homoparentales, que RTL dévoile ce matin. Plus de 6 Français sondés sur 10 sont favorables à l’ouverture de la PMA, à la fois pour les femmes célibataires et les couples de femmes.

Une nette progression depuis le mariage pour tous, qui se vérifie lorsque se pose la question du financement : une majorité de consultés, 6 sur 10, seraient également favorables à une prise en charge des frais par la sécurité sociale.

En revanche, la question du recours aux mères porteuses est plus clivante. Si 62% des Français y sont favorables pour les couples hétérosexuels, moins de la moitié le sont pour les couples homosexuels. Mais ils s’accordent sur un point, 7 Français sondés sur 10 sont pour reconnaître les enfants nés d’une mère porteuse à l’étranger.

Et ce qu’en disent les enfants ?

(article du Monde)

Pierre, 10 ans, a un papa et deux mamans. Il appelle maman « celle qui m’a fait naître », et l’autre, maman-Sami, du nom du héros de Scooby-doo, son dessin animé préféré. Il ne voit que des avantages à cette situation. « J’ai une plus grande famille », dit-il. Trois parents, cinq grands-parents, ça fait plus de monde pour s’occuper de lui. « Avec une seule maman, j’irais plus souvent à l’étude », relève le petit garçon. Lyns, lui, a 7 ans. Il a deux papas, « un qui dit plus oui, et un qui dit plus non ». Quand ses copains lui demandent où est sa maman, il répond qu’elle est en Haïti, où il a été adopté.

« Et l’enfant dans tout cela ? » est la question la plus fréquemment posée dans le débat sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux homosexuels. Bien plus que l’union de deux adultes consentants devant le maire, c’est sa conséquence, à savoir la possibilité d’établir un lien de filiation entre un couple de même sexe et un enfant, qui fait débat. Les enfants élevés par des homosexuels iront-ils bien ?

Le Monde a posé la question à des personnes qui connaissent ou ont connu cette situation. Ils seraient aujourd’hui en France de 24 000 à 40 000, selon l’Institut national d’études démographiques. Pierre et Lyns, les deux plus jeunes, ont été contactés par le biais de l’Association des parents gays et lesbiens. Deux autres témoins ont déjà raconté leur histoire dans le livre de Taina Tervonen et Zabou Carrière, Fils de… (Trans photographic press, 2011, 25 €). Tous les autres ont été recontactés après avoir répondu à un appel à témoignages sur LeMonde.fr. Leur donner la parole ne signifie pas qu’ils ont valeur d’échantillon représentatif.

Seule une personne a fait part d’une expérience douloureuse. C’est Anne, 41 ans, styliste, de nationalité belge. Elle découvre l’homosexualité de son père à l’âge de 10 ans, quand ses parents divorcent. Il est très extraverti, drague ouvertement, raconte ses rencontres d’un soir, mais n’aborde jamais clairement son homosexualité. « Ça aurait été bien mieux qu’il m’en parle, au lieu de faire comme si tout était normal », raconte Anne.

La jeune femme a l’impression que son père n’a pas été honnête envers sa famille. « Ma mère était amoureuse de lui, mais il l’a épousée uniquement pour avoir des enfants, analyse-t-elle. Elle a été une sorte de chose. Et nous, ses enfants, avons aussi été des sortes d’objets. J’ai le sentiment que je n’aurais pas dû être là, dans cette vie-là, pour lui. C’est toujours un poids. » Anne n’exclut pas que deux personnes du même sexe puissent être de bons parents pour un enfant adopté, « déjà là ». Mais elle n’approuve pas la procréation médicalement assistée pour les couples de lesbiennes (interdite en France mais autorisée en Belgique comme en Espagne), car elle y voit une « instrumentalisation » de l’enfant.

« GRANDIR DANS UNE FAMILLE COMME ÇA, C’EST POSITIF, ÇA OUVRE L’ESPRIT »

Clément, 27 ans, développeur Web, a justement été conçu comme cela : grâce à un donneur anonyme et un médecin de famille compréhensif. Il a deux mères depuis toujours. Elles lui ont tout expliqué quand il avait 8 ou 9 ans. Qu’elles s’aimaient, qu’elles avaient décidé de l’avoir, lui et ses deux frères, comment ça s’était passé. « On ne nous a jamais menti. Je sais bien que ma deuxième mère n’est pas ma mère biologique, mais c’est ma mère parce qu’elle m’a élevé », explique Clément. Plus tard, elles lui ont proposé de passer du temps avec un de leurs amis, qui aurait pu jouer le rôle de figure paternelle. Son grand frère lui a suffi. Il ne s’est jamais intéressé au donneur.

Le jeune homme va très bien. « J’ai un boulot, une copine, un appart, résume-t-il. Grandir dans une famille comme ça, c’est positif, ça ouvre l’esprit. » Il admire ses mères : « Elles se sont battues pour nous avoir. »

« Positive » aussi, fut l’installation de la mère de Mélanie, 18 ans, avec une autre femme, quand la jeune fille avait 13 ans. « J’ai été très surprise, mais très heureuse qu’elle ait trouvé quelqu’un avec qui elle avait une relation plus satisfaisante qu’avec mon père », dit-elle. Il était « rigide, fermé ». Avec sa « belle-mère », Mélanie a retrouvé un cadre familial « serein, apaisant, équilibré ». Elle ne voit plus son père.

La figure de la deuxième mère, qui arrive dans la vie de la mère biologique après la séparation des parents, revient fréquemment dans ces récits. C’est toujours quelqu’un d’important. « Elle avait plus de temps à nous consacrer que ma mère, qui travaillait beaucoup, se souvient Ambre, 28 ans, élevée par les deux femmes dès ses 4 ans. Elle nous faisait faire nos devoirs, s’occupait de notre culture. »

« SON ŒDIPE, ON LE FAIT QUOI QU’IL ARRIVE »

« On discutait, elle m’aidait à me poser des questions, raconte Mark, 31 ans, dont la mère a vécu avec une femme entre ses 12 et 18 ans. J’ai toujours eu l’impression que mon père ne m’aimait pas, qu’il m’avait abandonné. Elle m’a aidé à surmonter cela. » Dans ces histoires, le père voit ses enfants un week-end sur deux, parfois moins.

Comme les autres, Mark dit n’avoir rencontré « aucun problème psychologique » spécifique. « Je me sens tout à fait équilibrée, sourit Ambre. Son Œdipe, on le fait quoi qu’il arrive ! » Ils n’ont pas peur de l’amour homosexuel, mais sont hétéros. Seule Mathilde, 16 ans, « ne sait pas trop encore » où elle va. Son père et sa mère, tous deux homosexuels, vivent sous le même toit avec leurs partenaires respectifs. « Ça me plaît, cette façon de vivre, dit-elle. Mais la sexualité de mes parents, ça les regarde, je ferai mon propre choix. »

Tous ont été confrontés plus ou moins frontalement à l’homophobie. Le schéma familial était le plus souvent tu à l’extérieur. « J’étais très réservée, dit Camille, 26 ans, élevée par deux femmes depuis qu’elle est bébé. Je n’aurais pas apprécié d’être vue comme différente. Cacher une partie de soi, c’est difficile. » Certains ont connu des épisodes pénibles. Ambre se souvient de son frère « mis en quarantaine » dans son école sans raison apparente. Clément, d’une camarade expliquant dans un exposé que les homosexuels allaient transmettre leur « maladie mentale » à leurs enfants s’ils étaient autorisés à adopter.

Ils se disent « choqués » quand ils entendent des propos rapprochant l’homosexualité de la polygamie ou de l’inceste, comme ceux tenus récemment par le cardinal de Lyon Philippe Barbarin. « C’est honteux ! Que l’Eglise lave son propre linge !, lance Mélanie. En plus, on parle du mariage civil, je ne vois pas ce que la religion vient faire là-dedans. »« Ces gens ne réalisent pas que la société change », soupire Pablo, 30 ans, élevé par deux femmes depuis ses 4 ans.

La grande majorité attend le « mariage pour tous » avec impatience. De façon accessoire pour des raisons pratiques. « S’il était arrivé quelque chose à ma mère, j’aurais dû retourner vivre chez mon père,imagine Mark. Vu nos relations, ça n’aurait pas été simple. » Pablo sait que sa deuxième mère s’inquiète de l’absence de lien juridique entre eux, car elle aimerait transmettre ses biens aux enfants de sa compagne. L’adoption réglerait ces problèmes. Mais ces « enfants d’homos » espèrent surtout que la loi fera changer le regard de la société. « Comme ça, il sera reconnu que les homos sont égaux aux hétéros », résume Mathilde.